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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 22:46

Quelqu'un d'autre

 

Qui n'a jamais rêvé de devenir quelqu'un d'autre? C'est la question à laquelle nous soumet Benacquista dans ce roman philosophique teinté d'humour noir. Deux hommes, se rencontrant par hasard, feront le pari de devenir ce quelqu'un d'autre et de se retrouver, trois ans plus tard, dans la peau de cet autre.


Thierry, 39 ans et marié, est propriétaire d'une boutique d'encadrement. Bien qu'ayant une haute estime de lui, il doute sans cesse de ses choix professionnels et reviennent le hanter continuellement ses fantasmes de jeunesse. Il est agile, blagueur, aimable, tout lui réussit. Pour sa part, Nicolas, 40 ans, est habité de sentiments noirs. C'est un anxieux, un malheureux chronique, un pessimiste, un paresseux et j'en passe. Il affirmera avec lassitude que « Chaque matin, le retour à la vie est une mauvaise nouvelle qu'il faut finir par accepter ».


Mille choses sont possibles pour tourner la page et en ouvrir une autre. Les personnages prendront des moyens de toutes sortes, des plus subtils aux plus pernicieux. Le danger sera de se perdre dans des contrées dont il est impossible de revenir. Est-ce que ça en vaut le prix? L'auteur prend pour point de départ une pensée quasi universelle qui réside dans la chronicité de l'insatisfaction humaine, l'incapacité de vivre au quotidien sans poser le regard sur les acquis de l'autre. Il faut chercher à se dépasser, à commencer par surmonter nos peurs paralysantes. Nous avons en nous ce qu'il faut pour « être » et l'être avec unicité. Il faut saisir en soi les richesses de nos personnalités propres et pousser ces forces jusqu'au surpassement de soi-même, non pas les laisser nous mener vers de quelconques illusions.


Il est à peu près impossible de lire ce roman sans se questionner sur nos propres motivations. Le déroulement de l'histoire prend une tournure extrêmement inusitée par moments, ce qui contribue à véhiculer le message avec plus d'ampleur. Mais ne suffit-il pas, justement, d'une bonne dose de démesure pour mieux voir à travers les processus inconscients à la source de nos modes de fonctionnement? Quoi qu'il en soit, Benacquista y arrive avec finesse et originalité. Je découvre l'auteur sous une autre plume que celle de « Saga », ici plus dense et plus philosophique. J'ai adoré...

commentaires

L
Je n'ai lu que quelques nouvelles de Benacquista, nouvelles qui ne m'ont pas transcendées plus que ça... Changer de vie, bien sûr. Vivement même la prochaine vie...
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N
J'ai moins aimé ses nouvelles, en fait pas tellement, mais celui-ci et Saga, j'ai adoré! Oui Saga je pourrais le relire, il m'a enchantée...<br /> Un peu de sirop d'érable pour passer le weekend Bison? ;-) ^^
M
Devenir quelqu'un d'autre... Changer de vie... On y pense et on oublie...<br /> Devenir quelqu'un d'autre, sans doute le challenge le plus dur à réaliser...
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N
<br /> <br /> Devenir quelqu’un d’autre et changer de vie, on y pense et on oublie, comme c’est bien dit! <br /> <br /> <br /> Surtout si on cherche en même temps à rester soi-même…<br /> <br /> <br /> <br />
J
Oui j'ai lu Malavita encore qui est du même cru que Malavita un peu comme une série ou une saga (!) J'ai parlé de La machine à broyer ici :<br /> http://hisvelles.wordpress.com/2013/09/13/la-machine-a-broyer-les-petites-filles-de-benacquita/ avec ma façon simpliste de parler des livres.
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N
<br /> <br /> Un peu comme une "Saga". Excellent clin d'oeil <br /> <br /> <br /> Comme tu le sais déjà, je suis allée voir "La machine à broyer les petites filles".. Il me tente.<br /> <br /> <br /> <br />
J
Un livre que j'ai beaucoup aimé également et qui, si quelquefois on pense que ce serait mieux d'être dans la peau d'un autre, donne au moins une réponse.<br /> J'ai moins aimé les Malavita même si le film m'a plu mais je me suis régalé avec un de ses recueils de nouvelles La machine à broyer les petites filles.
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N
<br /> <br /> L’univers de Benacquista est assez particulier.<br /> J’ai lu « Le serrurier volant » et « Saga » que j’avais particulièrement aimé. Je n’ai pas lu les Malavita. As-tu lu la suite, « Malavita encore »?<br /> <br /> <br /> <br />

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