Je dois à Zafon la force de l’emprise qu’il a à me faire voyager dans le Barcelone mystique que j’aime tant. Il a le pouvoir d’emprisonner mes pensées pour les mener vers des lieux d’évasion desquels je ne voudrais jamais revenir. Dans ce roman, j’ai revu avec nostalgie La Rambla, menant à la mer, le Parc Guell et ses jardins magnifiques, le quartier gothique, la Sagrada Familia, œuvre grandiose, le marché abondant de la Boqueria, le Palau de la Musica où j’ai été emportée d’émotions par un quatuor à cordes et les pas d’un flamenco… J’ai aussi et surtout revu Gaudi et chaque recoin de son œuvre architecturale qui m’avait initialement amenée à faire ce voyage. Ne serait-ce que pour m’avoir permis de revisiter ces lieux, je suis comblée par le roman… Mais avant tout, et objectivement, il est très bon.
L’histoire se situe donc à Barcelone, en période d’avant et après-guerre. Quelques brèves références historiques à la guerre civile opposant les républicains et les nationalistes, ainsi qu’à la chute de Barcelone, viennent alimenter le contexte de l’histoire sans en faire pour autant un roman historique. La prison de Montjuic, qui a gardé sous les verrous les détenus politiques sous Franco, est au cœur de ce roman énigmatique. L’atmosphère est chargée, elle donne froid dans le dos. Il s’agit sans doute du tome le plus noir de cette trilogie, car si les deux premiers tomes nous laissaient l’empreinte mystique, voire enchanteresse, des quartiers gothiques de la ville, celui-ci nous plonge dans l’univers sinistre du milieu carcéral et des sentiments fragiles.
Nous retrouvons quelques personnages tels que Daniel Sempere, chez qui la magie de l’enfance a laissé place aux soucis et aux responsabilités familiales. Fermin sera le principal acteur. Nous découvrirons enfin les énigmatiques David Martin et Julian Carax, même si certains questionnements me sont restés à leur sujet. Et surtout, nous sommes ramenés au cœur du Cimetière des Livres Oubliés, ce lieu que j’ai envié Daniel de découvrir. Tout au long de ce roman, on est transporté par l’amour, celui du cœur et des sentiments, par la fidélité de l’amitié et les fantômes qui se cachent derrière les réminiscences du passé… Ah…! Zafon, je l’aime, tout simplement…