Thème de février : les SOUVENIRS D'ENFANCE
« Mon esprit est un jardin désordonné. Une friche remplie de coton, de glace, de ronces et de fraises sauvages. »
Ici ça va. Les murs ont un peu jauni, mais ils portent mes souvenirs d’enfance. J’avais 7-8 ans quand ils me sont revenus. Mon passé s’est envolé en même temps que mon père. Pépite fragile de mes tous premiers instants. En revenant vers la maison de mon enfance, je tente de rafistoler les pièces, unes à unes. Pour mieux appréhender l’avenir, sans doute. Trente ans se sont écoulés. Trente ans de vie…
J’ai besoin d’imaginer mes parents dans ce lieu, leur souffle, leur amour, leurs élans. Sur la route des vacances, j’entends Brassens, fracas d’écho dans ma tête. La Mauvaise Réputation que nous écoutions avec mon frère et ma mère, sur la route des vacances.
Mais avant, il y a eu ce grand vide. Les souvenirs ont mis du temps à émerger, à me manquer, même. Trop de douleur dans cette maison, j’ai occulté un pan de ma vie. Quand ma mère l’a vendue, elle a tout brûlé, jeté, donné, laissé à l’abandon dans un recoin d’espace abandonné. Ensuite, peu à peu, des images me sont revenues à travers les petits gestes du quotidien. Les odeurs et le goût, ceux du soleil sur la peau et du fruit que l’on cueille et croque à pleines dents. Le toucher, les mains dans la terre humide, le regard altéré sur les choses, les arbres qui ont poussé, qui me semblent démesurément grands. Les gestes, celui de pêcher, avant tout, de mordre l’hameçon sur le ver, d’attendre impatiemment le premier coup au bout de la ligne, la prise, le poisson qui surgit de l’eau, agité, impuissant. Les bruits, un bourdonnement d’abeilles, une musique, le chant de l’eau.
Dans une vieille malle à l’abandon, ma vie bascule, sous le choc des émotions. Une envie de pleurer à la vue de ces objets. Un couteau, des outils, des livres Le Vieil Homme et la mer, Vendredi ou les Limbes du Pacifique, une pipe, des vêtements, des chaussures, des médailles, des bibelots, quelques vinyles, de vieilles partitions, j’ai les yeux qui brillent, des éclats de lumière au cœur de mes pupilles. Je recherche mon père, parti trop tôt, dans ces souvenirs.
Cette démarche m’offre une enfance, donne un sens à l’avenir. À un temps qui a existé. J’ai envie de m’épanouir, que tout soit possible, d’avoir des enfants, un grand potager, d’éprouver de la joie, d’avoir des projets. Ici ça va. Je renais peu à peu….
« Je n’ai pas envie de fouiller dans ma mémoire. De fourrer mes mains dans la plaie. Juste débroussailler. Retrouver un mur. Un visage. »
Merci ma précieuse Nadège pour ce partage de Chroniques
transat lantiques <3
Et un IMMENSE merci de m'avoir fait découvrir ce magnifique roman. Ton si beau billet ICI
Et ceux-ci:
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PARTICIPATION
Bonheur, bonheur!!!
Venez à bord de notre Transat, vous êtes les bienvenus!
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Un immense merci aussi au Bison pour "La part des nuages"
et
"Le camp des autres" (Ckicker pour lire le billet)
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Prochain thème (15 mars) : la MAISON
Venez vous joindre à nous le 15 mars sous le thème "la maison"!
Comme ce serait bon de vous y voir!