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20 juillet 2020 1 20 /07 /juillet /2020 00:52

Lieu : Corée du Sud

Lever du soleil : 5:24 | Coucher du soleil : 19:52

Décalage horaire : -13 heures

Météo : +-26° Celcius, orages

Latitude : 37.532600 | Longitude : 127.024612

Musique : Yiruma & Henry

Un Verre au Comptoir : une bouteille de soju

 

 

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« J’ignore pourquoi cette femme pleure. Ni pourquoi elle dévore mon visage du regard. Ni même pourquoi elle caresse mon poignet bandé de sa main tremblante. Mon poignet ne me fait pas mal. C’est mon cœur qui souffre. Quelque chose est bloquée au niveau de mon épigastre. Je ne sais pas ce que c’est. C’est toujours là. J’ai beau pousser un long soupir, ça ne me libère pas la poitrine. »

La nuit dernière j’ai fait un rêve. En pleine nuit, immobile et somnolente, j’ai ouvert le frigo et j’ai balancé aux poubelles toute trace de viande. Quelle pourriture ! L’homme qui partage ma vie tente de me convaincre - à moins qu’il ne tente de se convaincre lui-même - que le rêve que j’ai fait n’est qu’illusion… Qu’on me foute la paix avec ces diagnostics de schizophrénie, d’anorexie, de je ne sais quoi encore ! Ma nouvelle vie ce sont les algues, les feuilles de batavia, les pâtes de sojas, le kimch’i, les vermicelles aux légumes… je ne mange plus que des végétaux… Ma mère s’en est mêlée, quand j’étais hospitalisée, elle a tenté de me faire ingurgiter un liquide noir plutôt infect, mais il ne faut pas me prendre pour une folle, ce n’était rien de moins qu'un mélange dégoûtant fabriqué à partir d’une chèvre noire. La pauvre… j’entends la chèvre, non pas ma mère ! Enfin… je suis lasse de ma relation. Il n’y a jamais vraiment eu de passion entre mon mari et moi. Rien de festif, encore moins d’affectif. Depuis mon hospitalisation en psychiatrie, il me trouve même bizarre, mystérieuse, effrayante… Je m’en souviens comme si c’était hier, c’était un dimanche, un long dimanche sans fin. De ces jours hors du temps qui n’en finissent pas.

Un autre homme m’a fait renaître. Il a deviné et imaginé sur mon corps la naissance d’un arbre. De fleurs de toutes les couleurs. Et j’ai repris vie… mais pour combien de temps ?  

A la belle saison, des pétales de fleurs apparaissent. D'un blanc pur. Le vert du végétal se pare d'ombres blanches. Des feuilles d'abord, puis des bourgeons, avant la naissance fugace de ces fleurs, beautés éphémères qui parent son corps lui aussi pâle. Elle est nue, son corps blanc, ses seins à peine rose, sa toison noir s'ouvre comme une fleur. Je la regarde, hypnotisé par cette blancheur. D'un blanc silencieux, comme la neige qui tombe des étoiles, vole dans le ciel. D'un blanc pur, comme un amour intense, l'amour évident qui vrille l'âme, celui qui se passe de mots et se compose de regards et de silence. Elle se tourne vers l'évier, regarde les bols blancs qui traînent, quelques grains de riz blanc au fond. Je vois son ombre se déplacer lentement, comme un fantôme nu cherchant à s'éveiller vers cet autre monde, cette lumière blanche qui l'attire.

A la belle saison, le sol se recouvre de cette blancheur immaculée, celle des cristaux de neige qui floconnent dans la bise et le brouillard. Mon regard se porte au-delà de la fenêtre, la lune illumine le brouillard qui illumine la neige. Le réverbère, de sa lumière faiblarde, n'est là que pour allonger certaines ombres. D'ombres et de lumière, du noir au blanc, je me tourne vers la blancheur de ses fesses, l'ombre au creux de ses reins où j'imagine une goutte de bière blanche onduler entre ces rondeurs. Dehors la neige, tombe encore et encore, dans le silence de la nuit. De lourds flocons blancs en hiver qui contrastent avec la légèreté des pétales blanches des cerisiers qui s'envolent au printemps. Et elle, nue et blanche, pure et belle, qui s'enracine profondément dans mon âme.

Le passage des saisons sur le corps d’une femme, sur son corps à elle… accentue sa beauté. Il le raréfie, marqué par le sillage des jours sur la peau de son âme, puis l’épanouie, libéré de l’enclos du temps où il s’est façonné pour enfin s’offrir, corps floral dans toute sa pureté sauvage.

Au loin, la neige qui floconne le ciel de blancheur immaculée me renvoie à la pureté de son corps. On dirait des flocons de lumière qui s'échappent du ciel. J’en ai les larmes aux yeux. Je la revois dans le silence de mes rêves, allongée et nue, sous mon regard émue par tant de poésie. Autant de délicatesse et de fraîcheur ne peuvent que s'inscrire dans le grand secret des fleurs. Au-dessus de sa fesse gauche, l’objet de ma fascination, sa tâche mongolique. J’en rêve chaque jour, chaque nuit, à chaque souffle, je fantasme jusqu’à en perdre la raison, je suis fou d’elle. Son corps est un vaste univers, une œuvre d’art. J’y ai peint des boutons de fleurs rouges et pourpres qui se sont épanouis sur sa peau, de jolis pistils jaunes, des roses accouplées, des camélias imbriqués les uns dans les autres, pareils au jour où après l’amour, lorsque je me suis retiré d’elle, un liquide vert a jailli de son sexe divin. Tel un arbre naissant, son âme s’est envolée vers des lieux inconnus.

La neige s’étend à perte de vue. Les flocons dansent dans le ciel et je revois les ondulations de son corps végétal. Je désire la revoir, au lieu de quoi je ne répondrai plus qu’au silence de l’instant. Un silence éphémère pour un amour phénomène. Une nuée de lagopèdes à queue blanche poursuivent leur migration, la saison de l'amour. Un silence que perturbe à peine le croassement d'une grenouille surgit de nulle part, si ce n'est d'un marais salant. Ploc. La neige a fondu, les fleurs de cerisiers ont paré le ciel. Elle s'allonge, se roule, s'enroule, nue dans la verdure d'une pelouse. Son odeur devient celle de l'herbe coupée. Sous un soleil du Sud, des perles de sueur s'écoulent de ses aisselles, lentement, timidement, n'attendant que ma langue venue se rafraîchir de cette salinité érotique. Elle glisse sur sa peau, descend sur son ventre, entre en ses cuisses. Elle s'égare dans la volupté de sa toison noir, son sexe rosi par le plaisir. Blancheur du sel, sperme et lait de coco. Envie de sushis, lui dis-je. Elle se retourne, le visage blanc comme une boule de riz. Elle repense à cette tradition séculaire qui consiste à préparer des sushis de mère en fils. Une fête à ses yeux. Un feu d'artifice, jaillissement de rouge, de vert et d'or dans le ciel illuminé par une lune d'un blanc pur. Je la retourne, effet blue moon et pénètre son âme de mon obsession perverse.  

Mes rêves jaillissent de la nuit, tel un geyser en terre islandaise, une gerbe en pub irlandais ou le souffle d'une baleine dans le Saint-Laurent. L'écume blanche des vagues se fracasse sur le rivage, lèche mon esprit, caresse mon corps. Nue dans cet appartement froid, un silence de Schubert inonde la chambre, draps froissés de ce sperme bestial, de ce suc végétal. Je parcours le salon, m'engouffre dans la cuisine, me sert un verre de vin, rouge, blanc cassis. Je retourne au salon, le parfum enivrant du vin, illumine d'une bougie, colle mes seins contre la baie vitrée, le regard perdu vers un autre monde. Une perle de vin, coule de mes lèvres. Un dernier verre avant...  

« Il a écarté de ses deux mains ses cuisses dont l’élasticité lui disait qu’elle n’était pas endormie. Quand il l’a pénétrée, un liquide vert comme provenant d’une feuille écrasée a commencé à couler du sexe de la jeune femme. Une odeur d’herbe, à la fois agréable et âpre, rendait sa respiration difficile. Se retirant juste avant l’orgasme, il a découvert que son pénis était teinté de vert. Un jus frais, dont il était difficile de dire s’il venait d’elle ou de lui, avait colorié ses parties intimes jusqu’aux cuisses. »

 

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Nos lectures :

 

« Blanc (CLICKER) » - Han Kang

et

« La végétarienne » - Han Kang

 

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« Yiruma & Henry »

(Clicker pour entendre)

 

 

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Les Escales

Un trip littéraire composé à 4 majeurs

                                                                     

Merci BISON (CLICKER), je voudrais bien être un arbre! :D

MAGNIFIQUE livre!

 

Prochaine escale : Irlande

 

 

commentaires

M
Trêve de sève, envie d'une bonne grosse côte de bœuf ?...
Répondre
N
Avec un coulis d'érable c'est possible? ^^
L
Ils sont mignons ces deux pianistes :-).<br /> Je ne connaissais pas du tout... D'un autre côté, je ne connais pas beaucoup la Corée, encore moins la musique... Mais c'est joli, entraînant, et ça trotte dans la tête. Très Belle trouvaille.
Répondre
N
Tu ne connais peut-être pas beaucoup la Corée mais la musique coule en toi comme la sève au printemps de l'érable...
L
Finalement, j'aimerais bien être un arbre et me contenter du chuchotement du vent, et sentir la sève qui coule en moi...
Répondre
N
Tant qu'il y aura de la sève il y aura de la vie qui frétille en soi...<br /> Et un majeur heureux... :D

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