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9 janvier 2020 4 09 /01 /janvier /2020 01:58

Lieu : Russie (Oural)

Lever du soleil : 09:37 | Coucher du soleil : 17:46

Décalage horaire : +11 heures

Météo : -10° Celcius, nuageux

Latitude : 61,0137| Longitude : 99,1966

Musique : Tchaïkovski : Rêverie interrompue en fa mineur op. 40 n° 12 

Un Verre au Comptoir : Hydromel température pièce

 

 

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« Un pays en dehors de l’Histoire, le pesant héritage de Byzance, deux siècles de joug tatare, cinq siècles de servage, révolutions, Staline, East is East… »

Dans un pays lointain coule un long fleuve, un fleuve qui se nomme Amour où les âmes suivent le flot tranquille du clapotis de l’eau. Parfois sereines, parfois rugueuses, ses eaux lèchent le rivage de l’Amour. Et l’Amour, je connais un gars qui en parle très bien. Pas moi, je te rassure. Dans un coin de cette Sibérie, j’ai croisé ce gars aux yeux immensément clairs, Andreï Makine qui m’avait émerveillé lors d’une première rencontre, comme quand on croise le regard d’une femme sublime sur un quai de gare. Je m’étais donc mis en condition, chapka et caleçon en peau de rennes, vodka fraîche, température ambiante, Tchaïkovski sur la platine.

Puis je décidai de déambuler dans les rues de Moscou. Nous sommes le 24 mai 1941. Direction l’opéra, je vais assister au premier concert d’Alexeï Berg, jeune pianiste prodige. Mais le concert n’aura pas lieu… Il se jouera quelque part au milieu de l’Oural, issu d’une musique intérieure et nocturne, puis de rêves qui font place aux notes sur le clavier muet que seuls l’âme et le silence arriveront à percer dans la nuit. Dans le dernier wagon du train, témoins de cette nuitée hors du monde, sont avec lui, captifs de la tempête hivernale, d’autres voyageurs, plongés dans l’obscurité. Ils s’y trouvent depuis des jours, des semaines, qui sait. Condamné à la solitude et l’exil, Alexeï Berg brisera le silence. Avec ses partitions en tête et le coeur chargé d'émotions, il bouillonnera de l’énergie du survivant…    

« Une nuit ou deux. Ou un mois. Ou toute une année. Néant de neige. Plus vague qu’un nulle part. Une nuit sans fin. Une nuit rejetée sur le bas-côté du temps… »

Cette musique l'entraîne vers l'archipel d'une autre vie, de l'autre côté de la rive, au temps du fleuve Amour. La musique et l'amour, à eux deux, font danser les cygnes sur le lac Baïkal. Cygne noir, touche blanche, touche noire, cygne blanc. Les notes de ces amours sont à la fois brèves et éternelles, la musique de la vie. Andreï et Alexeï croisent leurs souvenirs, mélangent leurs passions, regardent ensemble la lune, bleue ou noire, lumineuse ou sombre. Un vent de glace se lève, les amours s'envolent comme la plume de ce cygne venue s'échouer avec tant de délicatesse au pied de ce type, solitaire, le regard vide, les yeux embués, qui écoutent au fond de son âme l'âme d'une femme aimée, un livre fermé de Makine sur ses genoux, une bouteille ouverte de Zubrowska dans les mains.    

L’espace est démesuré, 2225 millions de km² - à l’ouest, la plaine d’Europe orientale, à l’est, la plaine de Sibérie occidentale. L’odeur de la vodka épanche à la fois la solitude des âmes, à la fois la violence de la tempête. Les amours s'envolent, certes, mais elles ont la puissance d’éveiller les forces inassouvies de l’esprit, toutes formes de résistance intérieure, de résilience. Elles nous apprennent le rêve, les rencontres nocturnes, l’espoir de l’amour renouvelé.

La plume du cygne est délicatesse au cœur du tumulte. Et Alexeï Berg s’en caresse l’âme lorsque surgissent en lui, tel un coup de poignard, les réminiscences de la guerre : les cris, les pleurs, les bombardements, les piétinements dans les tranchées, ces masses informes de corps allongés, inertes. Dans l’archipel d’une autre vie, un pianiste nous raconte la musique de son existence. Une manière de survivre à la nuit sombre et glaciale de l’Oural. Un livre fermé de Makine sur ses genoux…        

 

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Nos lectures :

 

« Le Livre des Brèves Amours Éternelles  (CLICKER) » - Andreï Makine

et

« La Musique d'une Vie » - Andreï Makine

 

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« Rêverie interrompue en fa mineur op. 40 n° 12 » - Tchaïkovski

(Clicker pour entendre)

 

 

Les Escales

Un trip littéraire composé à 4 majeurs

 

Merci BISON (CLICKER), La musique d’une vie fut une gamme d’émotions sur les notes de mon cœur.

Magnifique…

 

Prochaine escale : Alaska

 

 

commentaires

M
réchauffeNT, c'est encore mieux...
Répondre
N
Si tu le dis ^^
M
Brrrrr... Fais frette en masse en Russie mais bon, les mots de Andreï Makine et la musique de Tchaïkovski réchauffe le cœur...
Répondre
N
Le coeur et bien plus encore... <br /> Gros becs mon kinG Coaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
L
Fait frette en Sibérie... mais va faire encore plus frette en Alaska... C'est du bon pour ma réserve de vodka !<br /> <br /> Très belle, cette rêverie interrompue par Pavel Kolesnikov...
Répondre
N
Fait frette en Sibérie, mais finalement fera pas si frette en Alaska puisque l'avion fait escale à Cuba.... puis en Argentine, enfin en moto sur une route cabossée...<br /> Embarques en arrière et sivouplais, surveille la réserve de Cuba Libre... :-)

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