« … de bonnes grosses larmes bien grosses, bien grasses, bien rondes et bien chaudes. Du corps qui lâche. De la dureté qui cède. Du chagrin qui fond. »
Ça faisait une éternité que je n’avais pas croisé la route de Gavalda. Je gardais pourtant un très beau souvenir de Ensemble, c'est tout, Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, La consolante ... Retrouver la douceur de sa plume m’a fait beaucoup de bien, sans doute du fait de ses mots dépourvus d’artifices. Si certains auteurs s’en encombrent, celle-ci a le mérite d’aborder le quotidien de ses « personnages » avec naturel, faisant de ses romans des juxtapositions de tranches d’émotions vives non pas moins fortes, au contraire, mais dans lesquelles on se retrouve tous quelque part. Il y a dans ses histoires ces impressions de déjà-vu, déjà-vécu et maintes fois ressenties. Je savais qu’en retouchant à ses mots, je serais amenée à lâcher prise ...
… à fendre l’armure …
Saisir le sens de l’amour dans un élan plus vaste. L’amour de l’autre et de ses enfants. Prendre conscience de la vulnérabilité à laquelle il nous expose, la souffrance inhérente au fait de s’abandonner, la peur de la perte, les joies aussi, les déceptions, les culpabilités, les peines, les rires, les colères. La confiance, mais à quel prix parfois. Se retenir et …
… fendre l’armure …
Se dire au revoir et réaliser ce que l’on vient de perdre. Terminus, fin du voyage. Ne pas s’être compris. Se reconstruire ou regretter. Atteindre le point de rupture et …
… fendre l’armure …
Surmonter la mort de l’autre mais ne pas y arriver. Puis celle d’un enfant, et vouloir en finir. Sombrer dans l’alcool pour cuver sa détresse, comme d’autres s’engloutissent dans la drogue, et toute la gamme des dépendances nécessaires, mais éphémères. Penser y arriver et se fissurer. Au final, attendre le bon moment. Se laisser le temps avant de …
… fendre l’armure …
S’abandonner à vivre et revivre l’amour, rire, mais se méfier. C’est la vie qui reprend, on se raconte et se dénoue. Ressentir la peur, car on se souvient de la douleur, celle qui nous a brisée. Et se demander si on survivrait une deuxième fois au bris de l’armure, ce bruit sourd et violent qui fend tout sur son passage …
Avec Anna Gavalda les mots sont francs, ils sont directs, crus, presque violents tant on s’y reconnaît. Ils sont aussi douceur, celle de la solitude et des confidences.
Un grand merci à toi Bison d’avoir rendu possible cette rencontre littéraire avec cette belle auteure :-*
L'avis de From the Avenue