L’autre jour j’ai revu The reader, avec Kate Winslet et Ralph Fiennes, et après le film j’ai eu GRAVEMENT envie de me plonger dans le livre! Probablement un désir de revivre les émotions que j’avais éprouvées à l’époque. Il faut dire que ce n’est pas tous les films qui laissent ce genre d’empreinte en moi et pour des raisons qui m’appartiennent, je n’avais pas été capable de le revoir avant aujourd’hui. Le roman est vraiment magnifique, mais à mes yeux, il n’équivaut pas le film dans sa seconde partie. Cet avis n’engage que moi, c’est certain, mais la force des regards qui se croisent, se rencontrent et s’effleurent - notamment durant le procès - demandent à être « vus » pour être ressentis. On devine la souffrance et la honte d’Hanna, on devine aussi l’impuissance de Michael et pourtant, il m’a manqué ce petit quelque chose pour avoir des étincelles dans les yeux.
Un soir, au retour du lycée, Michael est pris de vomissement. Hanna lui vient en aide. Il a 15 ans et elle en a 36. Sa mère l’envoie porter un bouquet de fleurs pour la remercier, rue de la Gare. Par la porte entrebâillée, il la voit en sous-vêtements, femme dans toute sa féminité. Il l’observe, avec ses gestes lents et naturellement sensuels, enfiler son bas jusqu’à mi-cuisse pour l’attacher à la jarretelle. Michael vit ses premiers élans de désir, il ressent cette chaleur douce dans le bas de son ventre. Chaque jour il viendra lui faire la lecture, avant qu’elle ne l’emmène sous la douche et dans son lit. L’adolescent est transporté vers des sensations qu’il n’avait jamais connues, initié aux vertiges de l’amour charnel. Puis elle disparaît.
Sept ans plus tard ils se recroisent en cour d’assises. Comme ancienne gardienne de camp à Auschwitz, Hanna est accusée d’actes criminels. Et Michael, dans le cadre de ses études de droit, assiste aux interrogatoires. Le choc des images se bousculent en lui. Il revoit la Hanna sensuelle, celle des premiers orgasmes, la Hanna heureuse, rayonnante et souriante, celle qu’il a mis des années à cesser de chercher sous ses draps. Puis la Hanna toujours restée secrète sur sa vie, celle accusée de complicité auprès des SS.
Beau roman sur l’initiation au monde des sensations, à la « première fois », qui ne s’oublie jamais. À la désillusion, au mensonge aussi. Aux conséquences de l’analphabétisme, tels que la honte d’être démasqué et le pouvoir du sacrifice au nom de cet honneur. Enfin, Le liseur aborde également le travail de reconstruction de l’âme auquel ni Hanna ni Michael n’échapperont…
Je vous conseille de regarder le film avant de lire le roman. Pour mieux « voir » et donc mieux ressentir, à la lecture, les échanges de regard et l’amour complice qui font toute la beauté de cette histoire.
(Commentaire hors sujet et non constructif : me faire faire la lecture par Ralph Fiennes dans un bain de mousse, c'est le genre de sacrifice dont je serais capable... :D)