Si le premier roman que j'ai lu précédemment de Martin Page, «Comment je suis devenu stupide», est à mourir de rire, en dépit d'une empreinte philosophique dense qui ne lâche pas le lecteur du début à la fin, dans celui-ci, malgré l'absurdité des situations, nous sommes immergés par de tout aussi profondes réflexions, mais portant ici sur le malentendu amoureux. L'histoire prendra naissance à travers le personnage de Virgile, qui, rentrant un soir du travail, vivra une expérience plutôt déconcertante! Un message lui aura été laissé sur son répondeur: «C'est Clara. Je suis désolée, mais je préfère qu'on arrête là. Je te quitte, Virgile». Seulement, cette Clara lui est inconnue...
Pour donner un sens à sa vie et se découvrir comme être humain et homme, Virgile vivra dans le fantasme de cet amour qu'il n'a pas connu, jusqu'à souffrir de l'absence de cette Clara et désirer la «reconquérir». Un processus psychologique malsain se mettra en marche: désirer être quitté avant même toute forme de relation, dans le seul but de confirmer sa solitude. Mais je préfère ne pas en dire davantage sur leur destin, ce serait déjà trop en dévoiler...
S'ensuivra donc une prise de conscience, chez Virgile, des rapports hommes-femmes. De plus, ce nouvel «amour» générera des sentiments nouveaux en lui: la colère, la déception, l'euphorie, etc... Il s'interrogera également sur l'influence de l'enfance sur la vie sentimentale et sur l'image projetée de l'homme qu'il est devenu, celui perpétuellement insatisfait, se plaignant sans cesse, ne se remettant jamais en question. L'auteur, à cet effet, dira que «quand nous rêvons à notre partenaire idéal, nous nous dépeignons sans les manques, ni les faiblesses». Il ajoutera que le couple est confronté à trois malentendus: «la rencontre, la relation et la séparation», et que l'amour est impossible, qu'il mène inévitablement à la perte. Vision sans doute pessimiste, penserez-vous comme moi, mais je crois que l'auteur ne cherche qu'à nous faire réfléchir aux obstacles et défis du couple.
Une phrase m'aura particulièrement marquée et laissée songeuse. Et je vous laisse ici sur ces mots: «Nous tombons amoureux pour avoir des souvenirs, des lettres, une collection de sensations, de nouvelles couleurs dans nos iris. Il n'y a pas de différences entre l'amour et les voyages, car nous en revenons toujours». C'est fort... vous ne trouvez pas? Je vous entends penser jusqu'ici... Un livre à découvrir, passionnément, pour ceux et celles qui sont prêts(es) à se remettre en question:)