Quand les anges rêvent
Jason ou Lancelot, nous sommes en poursuite
De tous ces grands bateaux que le rêve a lancés ;
Que la mer a portés, via des terres glacées,
Des figures de Pâques aux rivages de Syrte.
Don Quichotte ou Sancho, nous montons Rossinante,
Et nous croisons le fer aux ombres du passé,
Dont les ailes immenses en croix ressassées,
Courent aux jardins des demeures qu’elles hantent.
Juliette ou Romeo, nous guettons aux fenêtres
L’arrivée de l’amour aux parfums opiacés ;
Quand se lève le jour des aubes enlacées,
Enivrées de bonheur, nos fleurs s’étonnent d’être.
Sedan ou Waterloo, nous avons nos défaites,
Nos couronnes perdues, de perles enchâssées ;
Oasis dont les eaux, par le temps asséchées,
Meurent en un filet dans nos larmes muettes.
Jason ou Lancelot, tous en quête nous sommes
De la toison d’or et du divin Calice ;
Nos rêves ensemencent le jardin des délices :
Les anges replient leurs ailes et deviennent des hommes.
Théo
2003