J'ai caché
Mieux que partout ailleurs
Au jardin de mon coeur
Une petite fleur
Cette fleur
Plus jolie qu’un bouquet
Elle garde en secret
Tous mes rêves d’enfant…
…L'amour de mes parents… - Petite fleur de Sidney Bechet
Petite fleur... les mots de Bechet, tels une ritournelle qui ne connaîtra aucune fin, si ce n’est la fatalité physique de la mort qui nous arrache aux gens que l’on aime. Petite fleur, immortelle, enracinée dans les souvenirs ressurgissant de l’enfance... Mathilde a besoin de nous raconter cette histoire qui, aux yeux de l’auteure, n’est rien de moins qu’une histoire d’amour entre la petite fille de jadis et son père. Cinquante ans après sa mort, comme un pèlerinage de mots et d’émotions, elle retourne sur les ruines du sanatorium d’Aincourt où il a fini ses jours, dans les années 30, atteint de tuberculose.
J’entends sourdre la mélodie de Bechet... « Elle garde en secret, Tous mes rêves d’enfant »... Les odeurs se sont effacées, pour mieux oublier, je suppose, mais il reste les images, les regards inquiets, les rêves bien sûr, nourrit d’espoir. Elle sortait à peine de l’enfance, ne comprenant pas bien toutes ces agitations autour d’elle, autour d’eux, ce grand vide, une nouvelle famille et ce que pouvait bien signifier un sanatorium. La tuberculose, les bacilles, le sang qui s’écoule de la bouche. Elle mettra des années à saisir l’ampleur de ces mots. Ce père qui ne sera plus jamais le même homme. C’est donc que là-bas, dans ce lieu que l’on nomme sanatorium, on devient quelqu’un d’autre? Tant de questionnements auxquels Valentine Goby nous amène à réfléchir : le sens de la famille, l’amour inconditionnel, les responsabilités de chacun quand la famille éclate. Mathilde, encore si petite pour tout porter sur ses seules épaules, rembourser les dettes, prendre soin de son petit frère, nourrir ses parents, sauver la maison de La Roche, hypothéquée, étudier et gagner sa croûte. Au milieu du tumulte, se faire discrète, invisible, rester tranquille, parce qu’il y a déjà suffisamment de soucis. Et sa sœur Annie, détachée de tout...
« Son ventre est une permission de repli supplémentaire contre lequel tout reproche se fracasse.
La grossesse est une île. »
J’entends sourdre la mélodie de Bechet...
« Dans mon cœur, Tu fleuriras toujours, Au grand jardin d'amour »…
Au café Le Balto, un homme souffle des notes dans un harmonica Hohner. C’était le bon vieux temps, le temps d’« avant ». Son harmonica posé sur une table basse, il prit Odile dans ses bras pour danser un slow. Sur le pont d’un paquebot...
« Une femme et un homme se mettent à danser. Serrés, sur leur bout de terrasse. C’est une salle de bal sur le pont d’un paquebot, on en oublierait presque les côtes manquantes, les lobes tranchés, les cavernes ouvertes, les bras quasi noirs du père et l’eczéma qui ronge sa peau… »
Sur mes vingt ans
Je m'arrête un moment
Pour respirer
Ce parfum que j'ai tant aimé
N'aies pas peur
Cueillie au fond d'un cœur
Une petite fleur
Jamais ne meurt
Merci mon sweet manU pour ce « roman solaire ». Mathilde est une femme forte et pleine de vitalité, comme je les aime. Elle avait besoin d’amour et de reconnaissance, du regard fier de son père. Je crois qu’elle l’a compris, un peu plus tard...
Merci à Valentine Goby d'écrire d'aussi beaux romans qui me charment et m'enchantent <3
Mon avis sur Le sorcier vert.